Après être diffusé sur xtriathlon, voici le cr d’embrun également sur mon blog…
Dans ces prochaines lignes, je vais vous présenter mon expérience personnelle de mon premier Ironman, de mon premier Embrunman. Un CR de plus ? Oui, mais c’est justement grâce à ces lectures sur le web, ce partage de souffrance et de bonheur que l’envie est née… Je vais donc tenter de vous faire vivre mon expérience de triathlète tout à fait normal sur cette épreuve mythique. Et ainsi, continuer d’alimenter cette flamme….
Pour commencer, je ferais comme tous les autres !!! Et en plus c’est vrai que c’est le plus important… Je remercie chaleureusement, ceux qui m’ont soutenu et supporté (supporté dans les deux sens du terme pour celle qui vit à mes côtés et qui a suivi tous les hauts et les bas de ma préparation). Bref un grand merci à ma famille d’avoir fait le déplacement (merci Rémy, Martine, Nono (coach diététique de mon stage en juillet), mes parents (et le père photographe) et ma chérie, merci à tous d’avoir traversé la France pour partager ces moments de joie et de souffrance), un grand merci à ceux qui m’ont encouragé, suivi (collègues de boulot, collègues du tocc, du hac…) et suivi de très près via le net (mon frangin et toute sa petite famille). De savoir tous ces gens derrière, c’est clair… ça booste… Et j’en ai eu besoin… Comme on va le découvrir ci-dessous….
Pour les plus pressé, le compte rendu de l’Ironman en lui-même commence plus bas. Comme d’habitude, je n’ai pas réussi à faire court…
Un retour 2 ans en arrière…. En 2008.
Certains ne me connaissent pas et on atterrit sur ce compte-rendu par hasard, d’autres me suivent parfois sur mon blog, d’autres me connaissent personnellement…. Voici en guise d’apéritif, un récapitulatif de comment le sport puis le triathlon sont devenus une vraie passion.
En 2008, voila 4 ans que je me suis mis au vélo… J’ai recommencé le sport en même temps que ma vie active. Peut être pour tenter d’effacer toutes ces traces d’une vie étudiante rondement chargée…. (Regrets de ne pas avoir eu le déclic plus tôt ? Mais bon, cela fait du bien d’en profiter un moment ou un autre…. Mais quand même… la vie étudiante m’aurait laissé aussi pas mal de temps pour le sport…). Peut être aussi que j’étais poussé par le fait que mon frère avait lui aussi commencé le sport en parallèle de sa vie active… course à pied pour lui…. Pour moi, mon amour de jeunesse pour la bicyclette ne pouvait me laisser un autre choix… le vélo…. J’avais passé tant de temps dessus pendant les vacances scolaires étant plus jeune…. Je ne voulais pas obligatoirement faire de compétition genre FFC…. Mais une fois le doigt dans l’engrenage…. Découverte des cyclosportives (dernier du premier parcours de 150km auquel je participais)… Inscription dans un club pour progresser (HAC Cyclo), découverte des montagnes, prise de licence compétition (UFOLEP… puis FFC)… Du plaisir en 3ème catégorie UFOLEP, puis on gravit les catégories, et l’impasse commençait à se dessiner. On me trouvait costaud, mais les victoires n’étaient pas là… un seul problème, pas de réflexe acquis petit, bref une tendance à pédaler à côté du peloton… la peur entretenait la peur… j’étais soit derrière le peloton, soit en échappé… jamais vraiment caché dans le peloton pour pouvoir gagner…. Seul les courses dures (avec une grosse côte) me permettaient de m’exprimer car dans ces situations, le peloton ne faisait pas long feu…. Oui mais voila ces courses n’étaient pas tant appréciées et elles avaient tendance à disparaitre… commercialement parlant… dans le vélo… le plus facile était mieux….
« Et si tu tentais autre chose ? De la course à pied ? » « Oui, mais j’aime bien le vélo » « Bé, Du triathlon par exemple alors ? » telle fut les phrases de ma chérie… durant l’été 2008. Certes j’aimais bien m’entretenir l’hiver dans la piscine, mais je faisais surtout de la brasse… la course à pied ? Faudrait essayer…. Mes recherches sur le net m’ont tout de suite interpellé… Il y avait de tout dans ce sport… tous les formats possibles, le duathlon aussi et enfin des épreuves dures, mythiques… le val d’Aran…. Et ce mythe… Embrun…. Ok, je vais tenter. Direct je cherche un club, seule manière de me mettre à la natation correctement… Et mon histoire en stabilo au TOC Cesson pouvait commencer…
2008-2010 Une belle évolution.
Sur ces 2 ans, je vais avoir de belles progressions en course à pied, sur les formats courts de tri et en duathlon.
CAP (10km) : Nov. 2008 : 42min16 – Avril 2009 : 39min05 – Janvier 2010 : 37min55 – Mai 2010 : 35min55
CAP (Semi) : Octobre 2010 : 1h23’10 – Mars 2010 : 1h19’37
Triathlon CD : Dinan 2009 : 2h32’17 (137ème) – Dinan 2010 : 2h18’42 (25ème) – Trégunc 2010 : 2h10’41 (13ème)
Duathlon Sprint : Cesson 2009 : 1h02’37 (30ème) – Cesson 2010 : 1h01’25 (7ème)
Duathlon LD : Gourin 2009 : 5h35’20 (63ème) – Gourin 2010 : 5h34’08 (29ème) – Val d’Aran 2009 : 5h42’20 (124ème)
Une évolution rapide en cap. Aussi en format court (duathlon sprint et triathlon CD). En Longue distance, le même déclic n’avait pas encore totalement lieu… Il me faut souvent une première épreuve difficile (quand même terminée), pour pouvoir faire mieux ensuite. Bref, l’objectif 2010 était donc aussi de tenter un peu plus de long… Ma progression et ma réussite dans le court n’auront pas facilité la chose….
2010
2010 devait donc rimer avec découverte du long, et en objectif final, être EMBRUNMAN. Je décide tout de même de faire une petite saison de court, je suis encore jeune, et j’ai envie de me faire plaisir. Tout en essayant de ne pas en faire trop… de pas retourner dans mes travers habituels de cyclo. ( en clair être naze début Juillet)
Jusqu’en mai, tout se passe assez bien, de bonnes charges de training ont déjà eu lieu. J’ai tout de même un peu de mal à comprendre ce que je dois faire pour être au top. Peut être que je me concentre au final un peu trop sur l’endurance, le fond… faisant beaucoup de bornes… et faisant du fractionné pour le très court…. Il manquait surement quelque chose entre les 2… surtout en vélo…
Le pire est quand même arrivé : la blessure, une gêne au genou (syndrome rotulien), qui va me poursuivre de mi-mai à début juillet. Je ne me repose pas immédiatement souhaitant trop continuer ma mini saison de court, qui se passait vraiment à merveille… au dessus de ce que je pensais…. Une fois le TriBreizh (half-ironman) – qui s’était passé un peu dans la douleur malgré un bon temps (4h58’49) (nouvelle distance longue = 1ère dans le dur comme à Gourin ?) – je prenais enfin le temps du repos…. Mais est ce que c’était le bon moment par rapport à une prépa embrun ??? J’étais totalement décalé par rapport au plan d’entrainement qui me servait d’inspiration… Psychologiquement ce passage de repos forcé a été assez difficile… Pour moi et aussi surement pour mon entourage (désolé)… Mais au moins je me suis reposé… peut-être un peu trop, mais il le fallait…
Le Stage à SerreChe – La dernière ligne droite
La semaine du 14 juillet, je l’ai passé du côté de Briançon… La Luc Alphand pour commencer (faire une cyclosportive en restant cool… ça fait bizarre et du bien)… et des sorties vélos tous les matins… pour un total de 782km de vélo pour 14 373m de dénivelé…. J’étais de retour !!! Le genou aussi, impatient d’y être…
Les semaines qui suivent vont encore être chargées, pour rattraper le temps perdu, surtout pour le mental je pense… Surtout du fond, alors que je devais l’avoir, mais je ne savais pas trop quoi travailler en vélo… En cap… je tentais juste des sorties enchainées de 1h30 à 5min/km d’allure… Allure qui me paraissait très faible et donc tenable…
L’arrivée à Embrun pour les vacances…. Vue sur le montage du site les jours précédant… Et là on commence à se rendre compte de la chose, de l’évènement qui se trame…. Et auquel, nous, moi, humble triathlète, je vais participer…
Je pense pouvoir viser les 13h00… du 1h10 à 1h15 en natation, du 7h00 à 7h30 en vélo, et du 4h00 en marathon si tout ce passe bien… car ce point reste une grande découverte et surprise… Je suis conscient que l’alimentation jouera un rôle primordial et que je pourrai en payer les frais à pieds… J’avais déjà subit ce point sur mon half…. Tu bois tous les 10min en vélo… tu grignotes toutes les 30min…. La théorie paraissait pourtant simple à suivre….
La veille
Le dossard était déjà récupéré. Restait à poser le vélo dans le parc… et surement prendre son temps et croiser un peu du monde… Malheureusement, le temps ne fut pas de la partie… Une grosse pluie sans interruption s’est invitée toute l’après-midi…. Le briefing s’est déroulé avec un décor de parapluies… Je n’avais pas trop prévu ce point… Mes affaires étaient surtout axées, soleil… chaleur… La montagne peut toujours réserver des surprises… Et je le sais pourtant ! Et à vrai dire, avec du recul, on ne peut finalement savoir quelles affaires on utilisera exactement la veille au soir, voir le matin même…
Le Jour J : La Course : L’embrunman
Voila enfin le jour J. Lever 3h45. J’aime avoir un peu de temps le matin. Je mange pratiquement la moitié de mon gatosport (Une première pour moi, mais c’est un au goût « brownie »). Ca passe vite… 4h30, on prend la voiture, direction le parc vélo. Le temps dehors est froid. Assez couvert… On va être beau en tri fonction !! On nous remet le marquage de la veille, parti dans mes draps… On peut lire 730 sur mon oreiller !
Je retrouve Patrice, un collège du TOCC, dans le parc. Derniers conseils, c’est son 4ème… On prépare bien sa place, tout doit être bien rangé dans la cagette… Je fais des sacs par transition… J’ai prévu un change pour la CAP au cas où … Le départ des filles est annoncé quand on nous demande aussi de rejoindre le départ… Mais bon quand je le rejoins, il y a déjà pas mal de monde…. Bref, je serai dans la moitié du paquet… Pour ceux désireux de se lancer dans les premiers… il ne faut pas hésiter à rejoindre la ligne plus tôt… De toute manière, je pense que mon niveau en nat doit se trouver dans ce milieu de paquet… Les filles s’élancent…
Tout est passé trop vite… Dans les dernières minutes, on sent la tension, la concentration monter… Le silence s’installe chez les triathlètes… La musique est lancée, les mains claquent… « Putain c’est énorme, j’y suis ! Je vais m’élancer avec tous les autres sur cette magnifique épreuve. » « C’est parti pour une belle journée ».
Natation
Le départ n’est pas si bagarreur que ça, mais je vais toujours rester avec plus ou moins de monde… Une fois le coup de fusil donné on marche tranquillement vers l’eau, bref les premiers sont déjà bien parti devant… et les plus confiants en natation et malins (bref qui sont déjà devant) peuvent partir sur une petite accélération et donc éviter tout bouchon…. A méditer… Bref, le rythme sera un peu au ralenti jusqu’à la première bouée… on fait en fonction de qui on a devant nous… Je ne vais pas aussi vite que je le pourrai… mais bon… la route est encore longue… Et ce n’est pas en nat que le temps final se fait… mais tout de même…. Au fond du lac, je tente de regarder où j’en suis dans le paquet… il y a du monde partout… bref je suis bien dedans ! Je commence alors à mener un bon rythme un peu plus habituel (le même qu’en CD, mais en natation je n’ai qu’une seule vitesse) Je trouverai un poisson pilote que je garderais sur une bonne moitié du second tour aussi.
Au passage proche de la digue, je remonte la tête pour tenter de voir mon fan club, et j’aperçois ma moitié à qui je fais un coucou de la main… puis virage serré, et il faut recommencer ce qu’on vient de faire… « Gloups » Hors de mon poisson pilote je vais passer pas mal de temps sans pied à « m’accrocher » ce qui en soit n’est pas très malin… Le deuxième tour se passe assez bien… Je commence à trouver un peu ça long, je m’en doutais…. Mais bon la dernière fois que j’avais eu cette impression c’était lors d’un CD donc les choses sont en bonnes voie ! Le jour qui s’est levé nous laisse voir un beau spectacle autour de nous… ; par contre, on devine aussi que la journée sera couverte, et qu’un nuage nous attend sur la première boucle… La dernière bouée… On commence à bouger un peu les jambes (oui à ce niveau on peut presque dire qu’elles étaient encore en train de dormir celles là….). La plage est proche… je nage au maximum avant de me lever au plus proche du bord….. Ouf, ça fait du bien… « Ca, c’est fait » Je défais le haut de la combi… un coup d’œil à l’heure de ma montre (je ne suis pas du genre à lancer le chrono au début… j’arrive encore à calculer à ce stade). « Quoi !!! 7h05 quelque chose… » « Purée j’ai fait une belle nat !! Et encore, j’ai bien vu que je n’étais pas tout le temps vraiment dedans… C’est très bon… C’est cool…. ».
Temps Officiel : 1h06:44 (313ème temps natation)
Transition 1
J’arrive dans le parc, mon fan club est au niveau de mon allée. Patrice vient d’arriver il y a peu… On pourra ainsi un peu discuter… On peut prendre son temps… La route est encore longue. Mais bon, je me rends compte que mon haut vélo n’est pas dans le bon sac (il est parti taper le carton avec les habits de cap…). Et là, je vais faire une de mes premières erreurs de la journée…. Je vais oublier les manchettes… Choses que j’ai toujours utilisées le matin lors de mon stage, et qui aide quand même à réchauffer le haut du corps… Tout à l’air d’être ok… C’est parti, pour la partie qui me fait au final le moins peur… celle où j’ai le plus de confiance… Il ne doit pas avoir de problème ça ne peut que passer… Ceux qui se changent intégralement sont assez nombreux et ne doivent pas perdre autant de temps que ça (il faut juste enlever le maillot de bain et mettre un cuissard… et pas la peine d’essuyer un peu la tri fonction) C’est peut être une bonne chose quand on vise juste un temps honorable… Car c’est vrai que la tri fonction ne sèche pas de la même manière à 7h00 du mat, qu’en pleine après midi sur un cd par exemple…. A voir… Encore quelque chose à adapter en fonction de la météo peut être…
Temps Officiel T1 : 6min46 (496ème temps) Pas très top comme d’habitude… Je vais m’entrainer cet hiver dans le salon… promis… (baignoire -> salon)
Vélo
Ne pas partir trop vite… ; je n’ai pas trop de référence… Je pédale plus au jugé… Je n’ai jamais vraiment su comment m’entrainer accumulant le fond sans trop savoir ce que signifiaient les entrainements à allure ironman…. (80 %… oui mais voilà dans ce cas il faut connaître sa pma… ce n’est pas aussi simple qu’en cap tout ça….). Bref, je pars à un rythme pas trop élevé… comme à mon habitude une remontée commence, mais moins rapide… en effet on a le temps… il y a 188km et pas seulement 40km… Au final, cette remontée et cet état de forme ne durera qu’environ 50 à 60km… La suite à été plus difficile…. Les premières descentes dans les nuages ont été un peu refroidissantes…. J’aurai dut mettre du papier journal pour ce début de parcours…. Je me maudissais d’avoir oublié mes manchettes…. C’est quand même loin d’être un luxe…. J’ai aussi retrouvé un peu mes travers en descentes (lentes) à cause du brouillard causé par le nuage… (Mains en haut du guidon = pas bien, en gros, j’ai pas descendu comme Quentin le décrit dans son CR). Bref à partir du 50ème km, je commençais à chercher mes supporters sur le bord de la route… je savais qu’ils devaient être dans le coin…. Non, ils ont du déjà se rendre plus loin…. De les voir en bas de l’Izoard dans le faux plat montant….
Cà ma reboosté un peu et remis dans la course… Le reste passera assez vite… Le vélo est le plus long, mais j’ai l’habitude d’accumuler les kms dans ce sport… Reste donc des images par endroit, et cette sensation bizarre au ventre :
Les gros souvenirs : Le faux plat de Baratier remplie de monde… une vraie allée comme à la télé ! Les encouragements du public un peu partout notamment dans l’Izoard, le Pallon…. Frissons, frissons…
Les moins bons souvenirs : Le mal de bide qui m’a pourri un peu mes sensations habituelles sur le vélo…. Je n’étais pas du tout à ma moyenne habituelle dans la montée de l’Izoard…. Cela peut venir soit d’un coup de froid, soit d’avoir bu trop d’eau du lac (enfin ça c’était mon trip, car j’ai eu les mêmes soucis quelques jours plus tôt) soit d’une respiration mal gérée en natation. Cette dernière hypothèse est peut être la bonne… Il est vrai qu’après des grosses séances de nat, j’ai tendance à devoir dégazer un peu ! Et comme on s’entraine peu sur cette transition, je me suis jamais aperçu que le vélo était tueur ensuite…. Sur les courtes distances, ça doit passer… Il faut prendre son temps pour inspirer pour ne pas trop en avaler…. A méditer… !
Bref, sur ce qui devait être mon point fort, les sensations n’ont pas été au top…. Une fois le sandwich pâté mangé en bas de l’Izoard (« hum c’est bon le pâté, purée !!! ») J’ai cru retrouvé un peu un moment de calme… Mais je n’ai jamais réussi à envoyer sur cette partie où je pensais justement pouvoir accélérer un peu…. Un vent du sud assez fort n’aidait pas le retour vers Embrun… Obligé de pédaler dans toutes les petites descentes pour avancer…. Cà n’a pas aidé le moral… Mais le public était partout magnifique…
Bref une chose est certain… si je reviens, je sais que je pourrai faire mieux sur cette partie. Je n’ai pas mis la barre trop haute pour cette première.
Temps Officiel : 7h44 :26 (280ème temps vélo – nouveau classement : 282ème)
Transition 2
Transition plus rapide que la première. Je vais rester en tri fonction. Je n’ai pas pris (encore) de saucée. Toutes les bonnes affaires étaient dans le bon sac. Le temps de changer de chaussures, de me refaire une beauté avec un peu de crème solaire, et déjà 5 min de passées… Bon, j’ai pris le temps d’écouter le speaker qui mettait l’ambiance et qui parlait des premiers, pas si loin de la fin… Gloups… Cette fois-ci, je suis dans la moyenne sur cette transition… Les gars ont pris leur temps sur la T2.
Temps Officiel T2 : 4min59 (258èm temps)
Cap (c’est long !)
Je regarde l’heure en sortant du parc… 15h00… Cela fait donc 9h00 que je suis en action… « Déjà ! ». J’espère encore un 4h00. Bref, les environs de 13h00 sont encore jouables. J’y crois… Il le faut.
Le premier tour du lac se passe assez bien… Je suis dans un nuage porté par le public. Premier km un peu rapide. Pause pipi, deuxième kilomètre plus cool… Je pars sur une bonne moyenne… aux alentours de 12 à l’heure… Tout va bien se passer… Première erreur, je ne sais pas… je monte la grosse difficulté du circuit (la montée vers embrun centre) non pas en marchant, mais en trottinant… certains marchent… Avec du recul, une marche rapide aurait été aussi efficace… Cà passe… Rue piétonne… Encore du monde sur cette fin de montée…. Les joueurs de djembés accompagnent les spectateurs et nos pas au milieu de cette rue… Belle ambiance… cela fait chaud au cœur… Une fois en haut… le plus dur du premier tour était pourtant franchi… il restait encore la montée sur Baratier… mais le plus dur était passé ! Je remarque alors que je commence à flancher… je suis au 6ème km… Je n’ai pas pris de gel au 5ème… c’était pourtant ma table de marche… mais le ventre venait seulement de se calmer…. La descente vers la Durance va être difficile… Je commence à flancher… je prends un gel… mais je crois qu’à ce moment… je vais passer de l’autre côté… je n’ai plus rien… Est-ce la tête qui ne veut plus ? Est-ce les muscles qui n’ont plus de carburant ? « C’est vrai que je n’ai pas fait assez le plein durant le vélo… mais j’avais des problèmes de soupape… AH !!!! Moi et la mécanique alors ! ». Je ne vais malheureusement pas avoir d’éclair de génie… Un autre éclair arrivera pourtant plus tard, mais pas celui que j’attendais… Je commence donc à avoir des phases de marche… Il est très dur de se relancer du ravito le long de la Durance… J’arrive enfin à recourir… il faut dire que pour le moment beaucoup me doublent… Je cours…. Je passe le pont neuf…. Je remarche… je cours à un ravito… Arrêt. « Juste pour s’arrêter un peu ou envie de ravito ? » Mes gourdes sont pleines… j’ai des gels…. Si c’est pour mordre une orange… ça peut se faire à la volée… Bref, les ravitos deviennent plus une excuse pour s’arrêter, pour se refixer le ravito suivant comme objectif… Je marche… Une dame à côté d’un camping m’incite à courir… Je suis bien obligé… je cours… « Merci ! »… Montée vers Baratier… un peu de marche… Je recours pour traverser Baratier… Et là encore grosse ambiance… musique + speaker + spectateurs + cris + encouragements = beaucoup d’émotions. Descente… J’ai l’impression de me traîner…. C’est clair, je subis mes mouvements… Je n’ai pas ma cap des grands jours…. J’ai pourtant acquis un bon niveau rapidement… mais je pense qu’à coté de ça il me manque encore de la caisse… Ca, ça n’arrive pas par magie… A moins que simplement, je manque de carburant ?
Je me traîne, je passe enfin le pont… je m’approche de la petite descente pour passer sous le pont… Mes supporters sont là… C’est dur… ils doivent me voir à l’agonie… Et pourtant, je ne vais pas m’arrêter maintenant, je dois finir… ils sont là pour m’encourager, venus de loin,… Je me suis entraîné à bloc, pour finir (et aussi pour en chier mais je ne pensais pas autant). Un tour de lac… je passe enfin sur la ligne… pas pour finir… pour avoir le droit de recommencer !!! « Ca va être long »… « 2h30 pour faire un tour… la vache…. Il me faut encore autant au mieux… en revoir les 13h00… le principal est de finir maintenant… Pourtant quand on est proche de la ligne… L’envie de stopper là ce délire est aussi présent… je continue. Toujours sur ce rythme… Je croise Alexandra Louison qui en finit… « Allez !!! ». Je me refais le tour de l’étang… Les bénévoles du point proche du club nautique m’encouragent encore comme des fous comme à chaque passage… En fait, je comprendrai plus tard pourquoi… ils avaient croisé ma famille le matin même au bord de l’étang… ils ont même scandé mon nom quand je suis passé près d’eux durant la natation….Sympa….
A la fin de ce tour de lac, je repasse sur mon fameux rythme devant la famille… « C’est bien continue !! » « Ils sont gentils… c’est bien, mais je n’ai plus rien… je n’ai plus de foulées… » Je continue… Je me remotive…Si déjà, je n’ai plus de carburant, il ne faudrait pas que la tête flanche… « Tout est psychologique rappelle toi »… Je décide de ne plus regarder mon temps au km… Cela ne rime plus à rien… je ne suis pas sur un 10km ou un semi…. « Encore 21 km ? »… « Ok, quand on arrivera à 30, ce sera déjà bon… restera 10 plus 2 de pur bonheur… 10 ? C’est rien ! »… Cette fois-ci, je marche sur la terrible côte… Et comme la personne devant moi, je me remotive direct pour recourir après… tout réside dans ce laps de temps… où le corps dit non, on marche… Et où la tête dit oui, on recourt… Je ne me fais plus vraiment doubler… à vrai dire… je vais souvent rester à vue avec les mêmes personnes… Dans le même état que moi… Ce ne sont plus les mêmes personnes qu’au premier tour… On a du mal à se relancer après les ravitos… On s’arrête au ravito alors qu’on n’a pas vraiment besoin…. « Allez, on avance au prochain km »… « 30 kms !!! … on ne pense à rien ! A 32km on aura juste un petit 10km à faire…. »… « 32km !…. » Boum… Et voilà l’éclair dont je parlais plus tôt… Le ciel, c’est vrai, c’était vraiment noirci… On avait déjà entendu l’orage au loin durant le premier tour… Mais là, c’est vraiment proche…. Une goutte, deux gouttes, trois… peu plus compter… plein…«En a plein !!! » On dirait à moitié de la grêle, des petits morceaux de glace tous froids…. « Bon il ne reste que 10kms…. Ah oui mais avec mon rythme, 10km…c’est… Mince plus d’une heure…. » On continue… On est trempé…. En courant çà va… En fait c’est quand je me suis arrêté au ravito avant la montée vers Baratier que j’ai vu qu’il pleuvait vraiment bien…. Je marche… « C’est pas le moment de se refroidir, on recourt.. » (Comme quoi la tête peut se montrer plus efficace avec les conditions climatiques. L’eau ruisselle sur la route…. Il y a des flaques un peu partout qui se forment vite…. Moins de spectateurs sur le bord… On rejoint enfin la route de Baratier… Et là, je vois une image un peu étrange… Un flic bloque la circulation pour laisser passer la course… Tout çà, sous des trombes d’eau… La course ? C’est nous… on amorce notre montée en marchant… Et là, j’imagine le mec dans sa caisse, (au chaud, au sec) qui se fait bloquer et voit des mecs marcher au milieu de la route…. On se relance pour passer Baratier… l’ambiance n’y est plus… La pluie a chassé les courageux… C’est dommage… Cette pluie va en fait gâcher un peu tout ce final, tout mon final… « Si seulement j’avais fini plus tôt.. » M’enfin… go…. On traine… Autant que la pluie continue jusqu’au bout maintenant… si ça s’arrête, je pourrai me refroidir en séchant…. « Tu vas t’en souvenir de celle la ! » Merci… mec au k- way… « Allez c’est pratiquement la fin…. » Ouais, enfin t’as vu ma vitesse ?
Je rejoins la grosse route juste avant le pont… Le bénévole, aussi avec un k-way, me tend la main, je tape en lui disant « Merci, d’être là »… Franchement eux aussi, ils ont du courage… Il va rester là sous la flotte à nous voir complètement détruis passer jusqu’à pas d’heure…
Je m’approche de l’étang… La pluie se calme… Je retrouve une démarche… je retrouve une enjambée… je rebondi à nouveau !!!! C’est toujours magique comment sur la fin, on se retrouve… comme si le corps gardait toujours une réserve quelque part… et au moment où il sait que c’est bon… on a le droit enfin de s’en servir…. Ma chérie court vers moi… puis court à mes côtés… Un arbitre la stop… Pas cool… Franchement quand on voit tous les gens qui ont fait le tour entier avec un vtt à leur côté… Je calme un peu le rythme… encore 2 bornes à tenir il ne faut pas s‘enflammer… Je revois les jeunes proche du centre nautique… « Purée, je vais finir ! » La plage… plus grand monde… c’est dommage…. La remontée vers la ligne !!! Ma chérie… On va faire, la fin ensemble….. Il y a pas mal de monde… cela devait être pire il ya une heure… on nous annonce… On arrive…. A y est… « Fini »… « Finisher »… Purée… ça a été dur….
A cause de cette fin apocalyptique, je ne vais pas vraiment pouvoir profiter de l’évènement une fois fini… Manger… boire, discuter, voir les autres en finir… non… je suis trempé… ma chérie me couvre… je vais vite commencer à trembler… il recommence à pleuvoir… c’est pas cette fois-ci qu’on pourra vraiment s’en rendre compte… le corps n’a plus rien pour se garder au chaud… on ramasse tout vite… on rentre… A vrai dire j’aurai préféré une chaleur torride…
Temps Officiel CAP :5h02min27 (568ème temps cap – nouveau classement 397ème)
Classement Final : 14h05min23 (397ème)
Conclusion
Beaucoup d’images resteront dans ma mémoire… C’est une expérience unique… On a beau lire tous ces comptes rendus qu’on trouve partout sur le net… on commet quand même ces erreurs qu’on nous dit de ne pas commettre… Encore une fois sur une distance LD, je finis dans le dur…. Mon corps a vraisemblablement besoin d’une première un peu dure pour comprendre comment aborder la chose (cf Gourin) J’espère que j’aurai le même genre de progression que sur les autres distances…
Pleins d’images, pleins d’émotions, ce public chaleureux… ma famille qui a fait le déplacement de loin… Je leur devais bien de finir…. Content… Le Soir même, j’aurai dis plus jamais ça… Maintenant ? Pourquoi pas ! Mais c’est quand même un sacré investissement personnel, financier. Et c’est quand même chaud de faire endurer ça à son entourage proche tous les ans… Et j’aime bien quand même aussi le court… Et forcément on ne peut pas tout faire à fond… Un peu de tout comme cette année ? Des ironmans tous les 2 ans ? Le prochain que vers 35 ans ? Tout ce bouscule dans ma tête, les questions se posent, mais les images de cet Embrun restent gravées dans ma mémoire…. Et c’est certain… un jour je reviendrai… Et cette fois-ci….
Les Podiums
Le lendemain, le grand soleil a refait surface… Tout comme la semaine passée… !
Le Podium Féminin
Le Podium Masculin